Investissement durable : l’heure de la convergence
Début 2024, SGSS a mené une enquête auprès des principaux acteurs européens de la gestion d’actifs. L’objectif était de faire le point sur les progrès réalisés, les projets en cours et les freins qui subsistent pour les gestionnaires basés dans les principales places financières européennes.
La réglementation n’est plus la seule incitation à l’investissement durable : l’ensemble de l’écosystème a adopté l’ESG1
Les réglementations ESG restent un moyen efficace pour convaincre les gestionnaires de fonds de rendre leurs fonds plus verts
L’exigence de transparence lors de la prise en compte des critères ESG dans les stratégies d’investissement reste un levier puissant pour inciter les gestionnaires d’actifs à verdir leurs portefeuilles. Dans notre échantillon, 80 % proposent des fonds relevant des articles 8 ou 9, et tous confirment que les nouveaux fonds relèveront tous, à tout le moins, de l’article 8. Cependant, certains facteurs, tels que les défis liés à la qualité, à la disponibilité et au coût des données, ainsi que le manque de clarté de la réglementation, incitent certains gestionnaires d’actifs à adopter une approche plus prudente de la classification des fonds.
La demande de stratégies durables chez les investisseurs reste forte
Tous les investisseurs institutionnels de l’échantillon attendent de leurs gestionnaires qu’ils adoptent des stratégies qui intègrent des critères ESG. La nécessité, pour les investisseurs institutionnels, de mieux gérer les risques environnementaux et sociaux face au changement climatique est clairement devenue une obligation prudentielle. Elle répond cependant également aux souhaits de leurs investisseurs individuels, notamment les plus jeunes.
Cette étude révèle la pression exercée par les prêteurs pour prendre en compte les critères ESG lors de l’octroi de crédit
Les banques sont de plus en plus exigeantes vis-à-vis des emprunteurs, notamment lorsqu’il s’agit de biens immobiliers et du financement de rénovations immobilières. La société de gestion doit remplir des critères minimaux de durabilité comme condition à l’octroi du prêt.
Les gestionnaires d’actifs sont de plus en plus sollicités par les fintechs et les consultants
Le marché des solutions de gestion d’investissement et du conseil s’est développé rapidement. Les offres sont nombreuses et couvrent un large éventail de besoins. Ces solutions sont donc très demandées par les personnes que nous avons interrogées : 62 % d’entre elles les ont utilisées pour lancer leurs fonds ESG.
Les choix des différents acteurs restent très diversifiés, tant en termes de stratégie que d’organisation
La taille des acteurs reste un obstacle à l’adoption de stratégies plus ambitieuses
La prise en compte des critères ESG varie d’un acteur à l’autre et la taille des sociétés de gestion peut être un frein. Compte tenu du nombre croissant de réglementations, elles ont dû s’adapter sans toujours disposer des moyens nécessaires. Au total, l’ensemble de l’échantillon applique des règles d’exclusion lors du choix des investissements, mais seulement 80 % utilisent des critères ESG. L’un de ces freins est l’impossibilité de les gérer directement dans les outils dédiés, surtout pour les plus petits gestionnaires d’actifs.
Les gestionnaires d’actifs réels font face à des problématiques spécifiques tout en restant les principaux acteurs de l’investissement à impact
Comme évoqué plus haut, la question du financement devient une contrainte majeure pour les fonds moins avancés en matière d’investissement durable. Ils sont également confrontés à la difficulté de collecter des données sur les investissements. Dans ce processus, Excel est le principal outil utilisé pour consolider l’ensemble des informations et de rédiger les reportings réglementaires requis. Les procédures sont donc largement manuelles…
Pour alimenter cette dynamique, les besoins sont nombreux, mais des solutions sont mises en place
La décision d’adopter des stratégies durables émane souvent de la direction, mais elle ne peut être couronnée de succès que si les équipes l’acceptent
Attentives aux besoins de leurs investisseurs, mais également guidées par de fortes convictions, les équipes de gestion des personnes interrogées sont, pour 30 % d’entre elles, les principaux moteurs de la transition ESG de leurs entreprises. Pour y parvenir, elles s’appuient sur le soutien des analystes et des gestionnaires, mais elles ont parfois des difficultés à convaincre l’ensemble de l’organisation. La formation de tous les gestionnaires d’actifs aux enjeux environnementaux et sociaux est une priorité.
La mise en œuvre de politiques d’engagement est un objectif unanime, mais elle doit encore être renforcée
Le vote et l’engagement sont des axes de progrès dans les stratégies durables de la grande majorité des gestionnaires d’actifs interrogés. Toutefois, la forme de cet engagement varie d’un gestionnaire à l’autre. Pour certains acteurs, l’engagement est pris en compte au moment de la décision d’investissement. Il n’y a pas d’investissement s’il n’y a pas d’impact éventuel sur la stratégie de l’entreprise. L’engagement actif requiert beaucoup de ressources et de temps, ce qui peut constituer un obstacle à son développement et encourager les acteurs à s’en tenir à des options moins gourmandes en ressources, telles que l’externalisation. Cependant, tout le monde s’accorde à dire que la transparence des votes est la meilleure façon d’amener les investisseurs à voir les efforts consentis en matière de stratégies de gestion durable.
Pour maîtriser le coût de mise en œuvre de stratégies d’investissement durable, une expertise externe devient essentielle
Choisir des solutions totalement internes est hors de portée pour beaucoup et conduit à des investissements particulièrement difficiles à rentabiliser. Le choix de faire appel à des prestataires externes est donc naturel pour répondre aux différents besoins. Les prestataires de services de titres tels que SGSS participent à cette tendance en offrant à leurs clients le bénéfice de leurs services ou de ceux des fintechs.
Conclusion
Cette dernière enquête de SGSS montre clairement tout le chemin parcouru par le secteur de l’investissement dans sa transition vers le développement durable. Même si la majorité des acteurs a adopté des stratégies dans ce domaine, des difficultés subsistent. Pour maximiser les résultats, il faudra que les objectifs et investissements internes convergent, et que des ressources et expertises externes soient partagées. Cependant, une transition majeure est déjà en marche.
Lire l'enquête ESG de SGSS 2024.
1Environnement, Social, Gouvernance.
Fouad Massabni, Head of ESG commercial offer, Societe Generale Securities Services (SGSS)