Enquête ESG 2024 | Investissement durable : l'heure de la convergence
En 2021, Société Générale Securities Services (SGSS) a mené une enquête auprès d'acteurs clés de la gestion en Europe, révélant une rapide évolution des modèles d'investissement et des défis opérationnels. Trois ans plus tard, une nouvelle série d'interviews a été réalisée, entre janvier et mars 2024, pour évaluer les progrès, les projets en cours et les obstacles persistants des acteurs de la Gestion dans les principaux centres financiers européens.
1. LA RÉGLEMENTATION N’EST PLUS LE SEUL FACTEUR D’INCITATION À L’INVESTISSEMENT DURABLE : L’ÉCOSYSTÈME DANS SON ENSEMBLE S’EST CONVERTI À L’ESG |
LA RÉGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE EUROPÉENNE RESTE UN AIGUILLON EFFICACE DES ACTEURS DE LA GESTION POUR VERDIR LES GAMMES DE FONDS
L’obligation de transparence sur la prise en compte des critères ESG dans les stratégies d’investissement reste un puissant levier pour inciter les sociétés de gestion à verdir leurs gammes. Dès lors, rares sont-elles à n’avoir pas entamé un tournant vers la prise en compte de ces critères.
Dans notre échantillon, 80% proposent des fonds Article 8 ou 9 et la totalité de notre échantillon confirme que les nouveaux fonds seront, a minima, Article 8.
Certains facteurs, comme les défis liés à la qualité, la disponibilité et le coût des données mais aussi l’absence de clarté de la réglementation, incitent néanmoins certaines sociétés de gestion à adopter une approche plus conservatrice dans la classification des fonds.
LA DEMANDE DE STRATÉGIES DURABLES de la part des INVESTISSEURS RESTE FORTE
La totalité des investisseurs institutionnels de l’échantillon imposent des stratégies intégrant des critères ESG à leurs gérants.
La nécessité pour les institutionnels de mieux prendre en compte les risques environnementaux et sociaux face aux aléas climatiques est en effet devenue à l’évidence une obligation prudentielle. Mais au-delà, elle répond aux désirs de leurs investisseurs particuliers, notamment les plus jeunes.
LA NOUVEAUTÉ DE CETTE ÉTUDE EST LA PRESSION EXERCÉE PAR LES PRÊTEURS SUR LA PRISE EN COMPTE DES CRITÈRES ESG POUR ACCORDER DES FINANCEMENTS
Les banques se montrent en effet de plus en plus exigeantes envers les emprunteurs, notamment dans l’immobilier, pour financer une rénovation d’un bien. La société de gestion se doit en effet de remplir des critères minimaux de durabilité qui conditionnent l’octroi du prêt.
C’est une conséquence de la mise en œuvre des règles de publication du Green Asset Ratio dans le secteur bancaire qui les incite à verdir leur bilan.
Certaines sociétés de gestion tirent d’ailleurs un avantage de la prise en compte de cette contrainte. Toujours dans l’investissement immobilier,certains acteurs font de l’alignement des actifs de leurs fonds à la taxonomie environnementale européenne un argument compétitif.
LES GÉRANTS SONT DE PLUS EN PLUS SOLLICITÉS PAR LE MONDE DES FINTECHS ET DES CONSULTANTS
Le marché des solutions de gestion et du consulting s’est en effet rapidement développé, en parallèle ou en concurrence des offres de fourniture de données et d’analyses sectorielles.
Les offres sont multiples, souvent très innovantes et couvrant de nombreux besoins. Les sollicitations de nos répondants sont donc nombreuses et 62% ont eu recours à ces solutions pour le lancement de leur gamme ESG.
2. DANS CE CONTEXTE, LES CHOIX DES ACTEURS RESTENT TRÈS DISPARATES, TANT EN MATIÈRE STRATÉGIQUE QUE D’ORGANISATION |
LA TAILLE DES ACTEURS RESTE UN OBSTACLE À L’ADOPTION DE STRATÉGIES PLUS AMBITIEUSES
La prise en compte des critères ESG varie selon les acteurs, avec des obstacles liés à la taille des sociétés de gestion. Face à une réglementation croissante, celles-ci ont dû s'adapter sans toujours disposer des ressources nécessaires.
Certaines petites structures ont opté pour des stratégies d'évitement des critères ESG pour contourner les obligations de reporting. Malgré l'intérêt croissant pour des thèmes comme la biodiversité ou le social, le focus reste souvent sur le climat faute de données disponibles suffisantes dans les autres domaines.
L'intégralité de l'échantillon applique des règles d'exclusion dans les investissements, mais seuls 80 % retiennent des critères ESG. L'incapacité à intégrer directement ces critères dans les outils de gestion constitue un obstacle majeur, principalement pour les petites structures.
LES GÉRANTS D’ACTIFS RÉELS FONT FACE À DES PROBLÈMES SPÉCIFIQUES TOUT EN RESTANT LES PRINCIPAUX ACTEURS DE L’INVESTISSEMENT À IMPACT
Comme évoqué plus haut, le sujet du financement tend à devenir une contrainte majeure pour les fonds les moins avancés dans l’investissement durable. S’ajoute également la difficulté à obtenir des données sur les investissements.
Dans cet exercice, Excel est le principal outil utilisé pour consolider toutes ces informations et renseigner les rapports réglementaires exigés. La manualité des procédures est donc la règle et un frein puissant à l’ambition d’un développement plus rapide.
3. LES BESOINS SONT NOMBREUX POUR ALIMENTER LA DYNAMIQUE, MAIS LES SOLUTIONS SE METTENT EN PLACE |
CHEZ LES ACTEURS DE LA GESTION INTERROGÉS, LA DÉCISION D’ADOPTER DES STRATÉGIES DURABLES VIENT SOUVENT D’EN HAUT MAIS NE PEUT RÉUSSIR QUE PAR UNE APPROPRIATION PAR LES ÉQUIPES
A l’écoute des besoins de leurs investisseurs mais aussi porteurs de convictions fortes, les directions de nos répondants sont dans 30% des cas les principaux moteurs de la transition ESG de leurs établissements.
Ils s’appuient pour cela sur des relais au sein de l’analyse ou de la gestion mais ont parfois du mal à convaincre l’ensemble de la structure, au-delà de quelques spécialistes qui ont fait de la durabilité la marque de fabrique de leur établissement.
Il reste que mener une stratégie ESG avec les seuls experts du domaine n’est pas la réponse pour 75% des participants. Former tous les gérants aux enjeux environnementaux et sociaux est donc une priorité.
LA MISE EN ŒUVRE DE POLITIQUES D’ENGAGEMENT EST UN OBJECTIF UNANIME DES INTERLOCUTEURS DE L’ENQUÊTE, MAIS QUI RESTE À DÉVELOPPER
Le vote et l’engagement sont des axes de progrès de leurs stratégies durables pour la très grande majorité des sociétés de gestion interviewées. La forme de l’engagement est cependant différente d’un établissement à l’autre.
Pour certains acteurs, l’engagement est pris en compte dès la décision d’investissement. Il n’y aura pas d’investissement s’il n’y a pas d’impact possible sur la stratégie de l’entreprise.
L’engagement actif est jugé trop consommateur de ressources et de temps, ce qui pourrait être un frein à son développement et inciter les acteurs à considérer des options moins gourmandes comme la sous-traitance.
Cependant, tous s’accordent à dire que la transparence sur les votes est la bonne manière d’intéresser l’investisseur aux efforts réalisés en matière de stratégies de gestion durable.
POUR MAÎTRISER LES COÛTS NÉCESSAIRES À LA MISE EN ŒUVRE DE STRATÉGIES D’INVESTISSEMENT DURABLE, LE RECOURS AUX EXPERTISES EXTERNES DEVIENT AINSI UNE OBLIGATION
Le choix de solutions totalement internes est inaccessible à beaucoup et conduit à des investissements très difficiles à rentabiliser pour ceux qui l’ont fait.
Le choix de recourir à des prestataires externes s’impose donc naturellement pour répondre aux différents besoins.
Les fournisseurs de services titres comme SGSS prennent leur part dans ce mouvement en proposant à leurs clients de bénéficier de leurs services ou de ceux de fintechs, dont certaines incubées par le groupe Société Générale, qui permettent de répondre au meilleur prix à leurs besoins de développement.
CONCLUSION
L'enquête récente de SGSS souligne les progrès vers le développement durable dans l'industrie de l'investissement. Bien que la plupart des acteurs aient adopté des stratégies en ce sens, des défis persistent. Pour maximiser les résultats, une convergence des objectifs et des investissements internes est nécessaire, tout comme le partage des ressources et l'expertise externe. Cependant, le mouvement vers une transition majeure est déjà en marche.