Marchés frontières : les investisseurs se tournent vers l’Afrique

07/10/2021

Malgré l’incertitude économique liée à la COVID-19, les marchés africains sont en phase de reprise. Société Générale Securities Services [SGSS] examine les principaux développements en cours sur les principaux marchés africains ainsi que certains des défis qu’ils posent aux investisseurs.

Les investisseurs s’intéressent à l’Afrique

Les taux d’intérêt durablement bas et négatifs - ainsi que les actions surévaluées - sur les grands marchés développés obligent les investisseurs institutionnels à repenser la composition de leurs portefeuilles, avec une plus grande importance désormais accordée aux économies émergentes et frontières à haut rendement. Après avoir subi une contraction de 2,1 % l’an dernier sous l’effet de la COVID-19, le PIB réel [produit intérieur brut] de l’Afrique devrait augmenter de 3,4 % en 2021.1 Le rebond économique et l’introduction de réformes de marché positives dans plusieurs pays contribuent à convaincre les investisseurs de renforcer leurs expositions à l’échelle de l’Afrique.

Désormais assis sur des montants record de poudre sèche, le secteur des capitaux privés - y compris le capital-investissement et les infrastructures - sont de plus en plus à l’affût des opportunités d’investissement en Afrique. Les données indiquent que les opérations de capital-investissement en Afrique se sont élevées à 700 millions de dollars au premier semestre 2020, ce qui est globalement équivalent à 2019 sur la même période.2 Selon le cabinet d’avocats international White & Case, la majorité des transactions de capital-investissement en Afrique ont été concentrées sur la santé et la technologie financière. Compte tenu de l’abondance de sociétés technologiques financières africaines très performantes [notamment dans le domaine des paiements en ligne], l’intérêt du capital-investissement pour ce secteur dynamique devrait continuer à croître en 2021/22. Dans le même temps, les investissements dans les infrastructures en Afrique restent solides, les gestionnaires affectant des fonds à des projets d’énergies traditionnelles et renouvelables. Malgré le choc initial lié à la COVID-19, il est clair que les investissements de capitaux privés en Afrique sont en hausse.

La réforme des infrastructures comme facteur de liquidité

Bien que des pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria figurent historiquement parmi les marchés africains les plus négociés par les investisseurs en actions étrangères, la dynamique s’accélère également ailleurs, notamment au Cameroun où de nouvelles réglementations ont été adoptées pour encourager les introductions en bourse. Le trading est également alimenté par la consolidation croissante entre les infrastructures de marché dans différents pays. La mise en place d’infrastructures régionales permet de mutualiser la liquidité en un seul lieu, au lieu de la disperser sur plusieurs marchés plus petits. Par exemple, les pays de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) - comprenant le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, le Gabon, la Guinée Équatorienne et la République du Congo - ont tous leur propre bourse collective - la BVMAC - qui a contribué à accroître la liquidité sur ces marchés. Cette consolidation peut aider à attirer des acteurs internationaux avec l’ouverture d’une succursale au Cameroun par SGSS en 2020 suite à la fusion de la BVMAC avec la Douala Stock Exchange.

Parmi les autres initiatives visant à attirer des liquidités sur les marchés d’actions africains fragmentés, citons l’AELP (Africa Exchange Linkages Programme), un lien transfrontalier de négociation et de règlement impliquant les bourses du Maroc, de l’Égypte, de l’Afrique du Sud, du Kenya, de l’île Maurice, du Nigeria et la BRVM. Ces programmes devraient stimuler l’activité des investisseurs internationaux sur ces marchés après la pandémie.

La conservation titres en Afrique : un enjeu de sécurité

Sur les marchés frontières comme en Afrique, il est essentiel que les investisseurs et les intermédiaires choisissent des sous-dépositaires locaux bien gérés en termes de risques et suffisamment capitalisés. Sur une poignée de marchés, les courtiers locaux sont cependant parfois la seule option de conservation disponible pour les investisseurs étrangers. Ces contreparties sont souvent considérées par les investisseurs comme trop risquées, car les prestataires locaux peuvent ne pas disposer d’un contrôle adéquat des risques ou de la solidité du capital du bilan. Dans le cadre des dispositions strictes en matière de responsabilité imposées par les directives UCITS V et AIFM (Alternative Investment Fund Managers Directive), de nombreuses institutions ne voudront tout simplement pas encourir les risques liés à l’utilisation d’un courtier local. Cette recherche de sécurité pour leurs titres des investisseurs et de leur global custodian les oriente vers les quelques local custodian internationaux présents en Afrique. En outre, il est essentiel que les investisseurs et les intermédiaires travaillent avec des prestataires dotés d’une expertise et d’une connaissance approfondies pour les accompagner sur des marchés très complexes et parfois risqués.

SGSS est un prestataire régional africain de services de conservation à l’échelle locale dans 14 pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Elle est exploitée à partir des filiales bancaires entièrement agréées de Société Générale dans ces pays. La structure d’accord-cadre de SGSS offre aux investisseurs une solution idéale pour atténuer ces risques sur certains marchés africains. Une indemnité intégrée de la société mère provenant du siège social de Société Générale en France est accompagnée de listes de pays qui sont annexées pour couvrir les marchés où SGSS assure la sous-conservation.

Les marchés à surveiller : le Maroc

En plus d’être une destination d’investissement attrayante, certains marchés africains développent aussi leurs propres régimes de fonds pour renforcer et diversifier leurs marchés financiers. Le Maroc a par exemple lancé ses Fonds Communs de Placement Immobilier [OPCI] pour la première fois en 2019. L’OPCI est une structure de fonds qui permet aux investisseurs d’accéder au marché immobilier en plein essor du Maroc. En d’autres termes, les OPCI permettent aux investisseurs de se procurer des parts d’un fonds d’investissement majoritairement constitué d’actifs immobiliers, tout en limitant les contraintes liées à la taille des investissements, au risque de concentration et de liquidité. Au-delà des investisseurs institutionnels nationaux, les OPCI ciblent désormais les institutions étrangères. Afin de remporter des mandats, les opérateurs soulignent que les OPCI sont soumis à une surveillance réglementaire rigoureuse et mettent en œuvre les meilleures pratiques de gestion des risques. A titre d’exemple, les OPCI s’appuient sur des dépositaires - comme SGSS à Casablanca - qui jouent un rôle déterminant dans le suivi des processus d’investissement des fonds et la transparence des véhicules d’investissement. L’OPCI devrait renforcer la réputation du Maroc en tant que première domiciliation africaine des fonds.

Les marchés regorgent d’opportunités

L’Afrique suscite de plus en plus d’intérêt des investisseurs internationaux, en raison des réformes de marché positives, de la consolidation des infrastructures et du développement de fonds innovants, du moins au Maroc. Malgré ces opportunités, l’Afrique présente des risques. Il est essentiel que les investisseurs et les intermédiaires travaillent avec des prestataires internationaux, tels que SGSS, qui disposent d’excellents réseaux et d’une très bonne compréhension de ces marchés frontières.

 


2White & Case [5 avril 2021] Private equity In Africa: Trends and Opportunities in 2021


Auteurs :
Jean-François Marchand, SGSS International Country Supervisor for Africa, and Duncan Smith, Senior Sales & Relationship Manager.