Les défis de l’investissement durable : le non coté se mobilise !

02/09/2024

La quête ESG est-elle strictement liée au marketing, ou a-t-elle vraiment le potentiel d'avoir un impact positif sur l'environnement, les entreprises, la performance des fonds et la planète ? Fouad Massabni, Responsable de l’offre commerciale ESG chez Société Générale Securities Services, apporte son éclairage sur ces questions urgentes et partage les informations recueillies lors de la récente enquête ESG de SGSS.

Une chose est sûre et nous le voyons tous les jours, les défis du réchauffement climatique sont bien réels avec leur lot de canicules, de crues à répétition, entre autres catastrophes naturelles. Pour s’en convaincre, la France connaissait en moyenne 1,7 jour de vague de chaleur par an avant 1989, elle en a subi 8 par an depuis 2000 et 9,4 sur la dernière décennie1. Il y aurait entre 1 000 et 2 000 communes en France qui n’auraient pas trouvé d’assurance pour leurs risques climatiques au 1er janvier 20242!

Autre certitude, ces dernières années, les souscriptions des fonds durables ont été importantes (progression de 9% en 2022 par rapport à 2021)3, même si récemment elles se sont ralenties en raison de différents facteurs tels que les oppositions aux politiques environnementales aux Etats-Unis ou en réaction au greenwashing entre autres4.

Cela dit, selon le sondage récent mené par SGSS en mai 2024, la grande majorité des investisseurs institutionnels garde le cap de la durabilité. Pour ces derniers qui investissent sur des périodes longues, la prise en compte des critères ESG dans la décision d’investissement reste une évidence.

Selon notre enquête, 80% des sociétés de gestion proposent également des fonds Article 8 et Article 9 au sens de SFDR.

Selon une étude publiée par le cabinet de conseil KPMG, 71% des investisseurs donnent une importance accrue aux critères ESG dans le cadre d’une transaction et considèrent que l’identification des risques et des opportunités dans ce domaine, ainsi que leur prise en compte dans la valorisation de l’entreprise jouent un rôle important avant la conclusion de la transaction5.

Un constat avéré aussi bien pour leurs investissements dans les fonds du côté que pour ceux du non côté, même si pour ces derniers la tâche est plus compliquée faute de données extra financières facilement accessibles. En effet, contrairement aux entreprises cotées qui peuvent acquérir des données auprès de fournisseurs du marché, la donnée des entreprises du non coté devra être collectée directement à la source des participations.

Il est effectivement important de savoir évaluer correctement les coûts des risques et opportunités environnementaux et sociaux et d’établir un plan d’engagement post-closing de la transaction.

Pour ce faire, un certain nombre de due diligence (DD) sont menées lors d’une transaction, sur les aspects financier, commercial, opérationnel, mais désormais aussi ESG qui sera partie intégrante de la liste d’analyse pour permettre de faire un premier état des lieux.

Une fois l’entreprise cible acquise, il est important de mettre en œuvre le plan d’engagement et faire évoluer les pratiques afin d’avoir un impact environnemental et social positif. En effet, la prise en compte des risques et opportunités ESG au même niveau que le plan commercial et opérationnel est un changement de perspective. Il doit être dicté par la direction de l’entreprise à laquelle siège un représentant du fonds d’investissement qui assurera le suivi et l’implémentation de la stratégie y compris ESG. Pour beaucoup de gérants, une entreprise qui prend en compte les risques et opportunités de durabilité est une entreprise qui aura plus de valeur et sera mieux préparée pour la cession à la fin de cycle du fonds.

Pour être crédibles et faire taire les soupçons de greenwashing, ces démarches nécessitent des impacts mesurables. Ce besoin a été bien compris par le législateur qui donne des méthodologies aux acteurs pour apprécier les résultats de leurs actions.

Une de ces dimensions est la prise en compte de la double matérialité, qui consiste à tenir compte de l’impact des activités des organisations sur leur environnement mais également l’incidence des facteurs environnementaux et sociaux sur leur performance financière. Elle élargit la perspective par rapport à la matérialité simple qui ne prend en compte que l’impact de l’environnement sur la performance financière. Cette double matérialité est défendue par l’Europe au travers des différentes règlementations tel que la « Sustainable Finance Disclosure Régulation » (SFDR) ou la « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD)  contre la matérialité simple que préconise l’International Sustainability Standards Board (ISSB).

Ce cadre européen en cours de déploiement joue un rôle majeur dans la transition ESG. Notamment dans l’évolution de la Non Financial Reporting Directive (NFRD) vers la CSRD qui élargit le périmètre d’entreprises éligibles au reporting de leurs performances ESG. Ce texte couvre également les entreprises de petite taille ainsi que celles de taille intermédiaire. Cependant, le problème de disposition et de qualité des données reste entier, notamment pour les entreprises non soumises à cette nouvelle directive.

Dès lors, l’accompagnement des sociétés de gestion dans la mise en conformité ou même la collecte des données ESG nécessaires à la due diligence est un enjeu majeur d’efficacité dans la mise en place d’un plan d’engagement.

L’enquête menée par Société Générale Securities Services révèle que 62% des sociétés de gestion ont recours à des services de fintechs ou des consultants pour le lancement de leur gamme ESG.

Société Générale Securities Services apporte aussi sa pierre à l’édifice et a développé une offre spécifique de collecte de données, de leur mise en qualité et reporting à destination des gestionnaires du non coté, en partenariat avec la fintech Greenscope, issue de l'incubateur Société Générale.