Asset servicers : accompagner la transformation de l’industrie des fonds
Les gestionnaires d’actifs britanniques (et internationaux) sont entrés dans une phase de diversification croissante de leurs stratégies d’investissement et ciblent activement les investisseurs européens pour accélérer la collecte de fonds dans un contexte de marché troublé.
Investir dans de nouvelles classes d’actifs, comme les marchés privés, peut s’avérer complexe pour les sociétés d’investissement, de la même façon que, depuis le Brexit, il est moins simple qu’avant pour les gestionnaires britanniques de distribuer des fonds dans l’Union européenne (UE). Les gestionnaires d’actifs britanniques vont donc devoir s’entourer de partenaires stratégiques, qui offrent à la fois des solutions multi-actifs et une couverture solide dans l’UE, pour prospérer sur un marché hautement concurrentiel.
La ruée vers les marchés privés
Compte tenu de la volatilité persistante des marchés et du souhait des gestionnaires d’attirer des capitaux à plus long terme, un nombre croissant de gestionnaires d’actifs (y compris de sociétés traditionnelles long-only et de hedge funds) se lancent dans l’univers des marchés privés (private equity, dette privée, immobilier, capital-risque et infrastructures).
Cette tendance fait suite à la forte décollecte subie récemment par les gérants actifs du fait, principalement, de performances décevantes, mais aussi de la concurrence croissante de stratégies alternatives passives à moindre coût. Au Royaume-Uni, par exemple, les investisseurs ont retiré 13,6 milliards de livres des fonds d’actions publics en 2023, contre 12 milliards de livres en 20221.
Les gestionnaires d’actifs privés, en revanche, ont bien mieux résisté aux récentes conditions de marché.
Bien que la hausse des taux d’intérêt et les craintes inflationnistes persistantes aient entraîné un ralentissement des levées de fonds en private equity, les données de Bain & Co montrent que cette classe d’actifs a collecté 1 200 milliards de dollars en 2023.2
Le secteur des marchés privés a globalement progressé de 12 % en 2023 (de janvier à juin). Les actifs sous gestion ont atteint 13 100 milliards de dollars, ce qui fait de 2023 la sixième meilleure année jamais enregistrée en termes de collecte de fonds, selon McKinsey.3
Pour autant, une transition vers les marchés privés n’est pas sans difficulté pour les gestionnaires d’actifs.
Richard Davis directeur des ventes de Société Générale Securities Services (SGSS) au Royaume-Uni a déclaré :
Grâce au lancement de fonds privés, les entreprises vont pouvoir attirer de nouveaux investisseurs, mais les gestionnaires devront repenser complètement leurs opérations, car les structures de ces fonds et les actifs sous-jacents sont généralement beaucoup plus complexes et différents de ce qu’ils ont l’habitude de gérer;
Un pari stratégique en Europe
Parallèlement à la diversification de leurs stratégies, les gestionnaires d’actifs britanniques cherchent également à élargir leur clientèle et sollicitent, pour ce faire, les investisseurs de l’UE.
Ce regain d’intérêt intervient alors que les investisseurs européens continuent d’augmenter leurs allocations aux fonds d’investissement.
Les données de l’European Fund and Asset Management Association (EFAMA) montrent que la détention de fonds en Europe a doublé en 10 ans depuis 2012, passant de 7 400 milliards d’euros à 15 000 milliards d’euros, les fonds de pension et les compagnies d’assurance représentant 40,9 % des flux, suivis par les intermédiaires financiers et les ménages4.
Bien que les gestionnaires d’actifs britanniques aient identifié des opportunités de collecte incontournables en Europe, les entreprises se heurtent depuis le Brexit à de nouveaux obstacles lorsqu’elles proposent leurs produits dans l’UE. Si le Royaume-Uni a récemment confirmé que les OPCVM de l’UE sont reconnus équivalents aux fonds britanniques dans le cadre du régime dédié aux fonds étrangers (Overseas Funds Regime) et qu’ils peuvent être distribués librement dans le cadre du régime des autorisations temporaires de commercialisation, l’UE n’a pas encore joué la réciprocité.
Alessandro Cavallari, Responsable des ventes internationales chez SGSS, a souligné :
« Depuis le Brexit, les gestionnaires britanniques ne peuvent plus bénéficier du passeport de l’UE, mais peuvent commercialiser des fonds dans l’UE dans le cadre de régimes de placement privé de droit national ou en s’implantant sur le territoire, généralement au Luxembourg ou en Irlande, deux des principales places pour la domiciliation de fonds d’investissement européens, qui réunissent à elles seules 45 % des fonds européens »
La distribution transfrontalière de fonds n’est toutefois pas toujours un processus sans friction pour les gestionnaires hors UE.
Prenons le régime de placement privé de droit national, qui permet aux gestionnaires de pays tiers de commercialiser des fonds dans des États membres de l’UE où ils se sont enregistrés auprès de l’instance de régulation locale. Les gestionnaires constatent souvent que les différents États membres ont leurs propres règles en matière d’enregistrement, de déclaration et de désignation d’agents locaux, ce qui génère des coûts et des barrières supplémentaires à un moment où les marges sont déjà soumises à une pression considérable.
Si les 27 États membres sont soumis aux mêmes réglementations, les directives de l’UE donnent à chaque pays une certaine flexibilité quant à leur mise en œuvre des règles, ce qui peut occasionnellement causer des divergences au sein de l’UE. On sait que cette fragmentation est à l’origine de toutes sortes de problèmes de conformité pour les gestionnaires hors UE lorsqu’ils distribuent des fonds « hors de leurs frontières ».
Un prestataire de services complet est essentiel
De plus en plus nombreux à être confrontés au spectre de l’illiquidité, les gestionnaires d’actifs basés au Royaume-Uni se tournent désormais vers l’UE pour essayer de stimuler la collecte de fonds. Mais pour ce faire, ils ont besoin de faire appel à un prestataire de services capable de les aider à atteindre leurs objectifs et de répondre à leurs besoins nombreux et parfois très spécifiques.
M. Davis a déclaré :
Soucieux de faciliter la distribution transfrontalière, SGSS peut aider les gestionnaires d’actifs britanniques et internationaux à distribuer leurs fonds dans l’UE par l’intermédiaire de ses centres d’excellence au Luxembourg et en Irlande.
Il a poursuivi :
Nos experts locaux possèdent une vaste expérience en matière de fonds et peuvent aider les gestionnaires d’actifs à faire face aux diverses exigences en matière d’entrée sur le marché, de réglementation et de conformité au sein de l’UE, leur permettant ainsi d’accéder au marché le plus efficacement possible. En plus de son important contingent européen, SGSS est également présente au Royaume-Uni. Les clients britanniques qui domicilient et distribuent des fonds dans l’UE ont donc la garantie de voir leurs besoins satisfaits depuis leur marché d’origine.
SGSS est en excellente position pour accompagner les gestionnaires qui proposent des stratégies classiques, mais aussi ceux qui gèrent des stratégies d’actifs non cotés (private equity, crédit privé, immobilier et infrastructures) par le biais de sa division spécialisée dans l’asset servicing.
Compte tenu des changements et de la diversification en cours dans l’industrie des fonds, il est essentiel de s’appuyer sur un prestataire de services complet. Les gestionnaires d’actifs cherchent de plus en plus à rationaliser les coûts et à simplifier leurs opérations en réduisant le nombre de prestataires et de contreparties avec lesquels ils collaborent. Les prestataires de services « à guichet unique » devraient ainsi figurer parmi les principaux bénéficiaires de cette tendance.
Pour M. Cavallari :
Les prestataires, qui ont un bilan solide, adoptent des technologies de pointe, prennent en charge plusieurs classes d’actifs et offrent une large gamme de solutions flexibles et d’outils de reporting pour répondre aux besoins en constante évolution de leurs clients, vont gagner des parts de marché.
Article publié dans Financial News London dans la Weekly Asset Management Newsletter.
1 AJ Bell – 12 mars 2024 – UK funds suffer worst outflows on record
2 Bain & Co – 11 mars 2024 – Private Equity Outlook 2024 : The liquidity imperative
3 McKinsey – mars 2024 - Global Private Markets Review 2024: Private markets in a slower era
4 EFAMA – Notre secteur en quelques chiffres