ETFs actifs : Opportunisme ou opportunité ?

20/09/2024

Olivier Malteste, Directeur des investissements chez Yomoni, partage avec nous sa vision sur l'apparition et la croissance des ETFs actifs.

L’apparition des ETFs1 actifs a suscité des questions de la part de l’ensemble des acteurs sur leur évolution et les prestations associées. Si leur croissance a été « explosive ces dernières années »2 aux Etats-Unis, leur développement sur le continent européen est quant à lui plus mitigé. La France vient de rejoindre les autres pays européens en autorisant désormais leur émission et leur cotation3. Pour autant, est-ce de nature à créer un engouement pour les ETFs actifs sur le marché français et au-delà ?

Olivier Malteste, Directeur des investissements chez Yomoni4, partage avec nous sa vision.

Un contexte favorable ?

Nativement, l’ETF a de nombreux atouts :  une capacité de négociation dans la journée, une gamme très importante en termes de secteurs d’activité, de type d’actifs et de zones géographiques. Autre point fort : les frais des ETFs sont réduits par rapport aux autres UCITS5 (par exemple 0,3% chez Yomoni contre 1% en général sur les fonds communs de placement traditionnels)6, avec une répercussion favorable sur les frais de gestion.

Cet attrait se traduit par un marché ETF mondial qui bénéficie d’une très forte dynamique, avec des prévisions de croissance allant de +5 milliards de dollars en 2018 à +11,5 milliards en 2023 et une projection à +25 milliards fin de la décennie, mais qui ne représente que 5 % du marché mondial de la gestion d’actifs7. Le marché est porteur et de nombreuses sociétés de gestion, dont Yomoni, s’inscrivent dans cette dynamique en privilégiant les ETFs dans leurs allocations.

Une dynamique favorable aux ETF actifs ?

Revenons aux fondamentaux. Dans la recherche du gain, et le dilemme entre risque et performance, la question des frais est cruciale. La gestion active est pertinente dans les marchés peu efficients ou les secteurs d’activité très spécifiques qui nécessitent de l’expertise, des analyses, des recherches spécialisées. Autant de coûts supplémentaires qui accroissent les frais de gestion et obligent les gérants à prendre plus de paris et de risques pour pouvoir surperformer le marché au minimum à hauteur de ces frais.

Cependant, sur la base des Etudes Spiva, le pourcentage des gérants actifs sur actions en Europe qui battent l’indice de référence est de 18% sur 1 an, tandis qu’il passe à 7,2% sur 10 ans8. Sauf rare exception, l’indice bat « toujours » le gérant ; une tendance confirmée sur l’ensemble des marchés mondiaux.

Ces statistiques questionnent l’intérêt des ETFs actifs, en dehors d’objectifs spécifiques de gestion. Elles expliquent également que Yomoni privilégie une part indicielle forte et une part active faible. Favorisant l’allocation et la sélection, le gérant de Yomoni n'a besoin de s’écarter que modérément de ses indices de référence pour générer de la performance. Olivier Malteste déclare dans le bilan 2023 de Yomoni : « Depuis la création de Yomoni, soit environ 8 ans, nous battons près de 98% des fonds traditionnels à risque équivalent9 ».

Un attrait croissant pour les ETFs actifs ?

Si l’appétit des investisseurs particuliers français pour les ETFs se développe, « seuls 11 % d’entre eux déclarent en détenir10 ». Cette clientèle, peu aguerrie aux ETFs, a une faible connaissance de leurs mécanismes, et encore moins des spécificités entre les ETFs de gestion passive et les ETFs actifs (un test de notoriété réalisé par Yomoni montre que seul 20% des sondés connaissent la notion d’ETF). Le marché français est encore en phase d’apprentissage et le centre d’intérêt principal des particuliers reste le niveau des frais davantage que les clefs de lecture que sont la « tracking error » et les raisons de surperformance.

L’absence d’une demande significative pour les ETFs actifs réduit les débouchés et l’offre proposée par les gérants. Selon Morning Star, les ETFs actifs représentent seulement 1,8% de l'ensemble des actifs investis sur le marché européen des ETF, soit 28,9 milliards d'euros fin 2023.

D’ailleurs, certains acteurs n’entrent pas encore sur le marché de l’ETF actif. Ainsi, Benoit Sorel, directeur du métier ETF, indiciel et smart beta chez Amundi, déclarait en avril 2024 dans l’Agefi : « Nous regardons les évolutions du marché, bien entendu, mais nous n’avons pas décidé à ce stade de les intégrer à notre offre »11.

Quel avenir pour les ETF actifs ?

Si le recours aux ETFs actifs dans des allocations à des fins de performance laisse perplexe, les émetteurs d’ETFs peuvent néanmoins s’y intéresser en raison de la flexibilité qu’ils offrent aux gérants pour, par exemple, faciliter la gestion d’ETFs obligataires souvent contrainte par des problématiques de liquidité propres à ce type de sous-jacent.

Mais surtout, comme le précise Olivier Malteste, une nouvelle génération d’ETFs actifs fait son apparition, liée à l’ESG et au besoin des sociétés de gestion de respecter au mieux les critères extra-financiers qu’elles s’imposent en ajustant librement les expositions sur base de leurs analyses.

Les récentes cotations en Euronext d’Axa IM et de BNPP AM semblent illustrer ces constats12.

Conclusion

Sur un marché dynamique de l’ETF, soulignons que la part des ETFs actifs dans le choix des gérants reste modérée.

Faible demande des investisseurs, rendement concurrencé par les ETFs passifs, faible probabilité de surperformance, expliquent notamment la modeste part des ETFs actifs en Europe par rapport aux Etats-Unis (8,5% au 31/03/202413). Il est prématuré de conclure que leur croissance en Europe suivra celle du marché américain, celle-ci se justifiant principalement par des raisons fiscales14, des réseaux de distribution robustes et une population très « financiarisée ».

Le développement des ETFs actifs européens sera-t-il accéléré par le besoin d’une adéquation rigoureuse des engagements pris par les sociétés de gestion émettrices aux critères ESG ? A suivre…

Quelles que soient les orientations prises et leurs motivations, Société Générale saura accompagner ses clients dans leurs évolutions grâce à une large gamme de services dédiée aux ETFs, comme elle le fait désormais depuis plus de 20 ans.

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1 Un ETF est un Exchange-Traded Fund, ou fonds indiciel coté en Bourse qui réplique la performance d’un indice.
2 Le passif devient actif : la dernière tendance des ETF | Morningstar

3 Décret n° 2024-151 du 27 février 2024 modifiant le code monétaire et financier en matière de gestion d'actifs - Légifrance (legifrance.gouv.fr)

4 L'épargne en mieux | Yomoni. Yomoni est une société de gestion de portefeuille d’actifs et de conseils en investissement en ligne

5 UCITS : Undertaking for Collective Investments in Transferable Securities, équivalent des « OPCVM » ou «organismes de placement collectif en valeurs mobilières»

Nos tarifs | Yomoni

7 Les Echos Janvier 2024

8 En 2023, les indices écrasent toujours les gérants - Zonebourse

9 Bilan 2023 par notre Directeur des Investissements, Olivier Malteste (yomoni.fr)

10 Les Echos 23/01/2024

11 Benoît Sorel (Amundi ETF) : «La gestion passive donne une vision de long terme à la politique d’engagement» - L'Agefi

12 Axa IM et BNPP AM cotent les tout premiers ETF actifs de la Bourse de Paris - L'Agefi

13 Active ETFs: Where to Find the Best Investment Opportunities | Morningstar

14 Understanding 
ETF tax efficiency: A comprehensive video | Capital Group