Comme un enfant dans un magasin de bonbons, vous ne savez plus où donner de la tête ? Voici comment tirer le meilleur parti de vos données !
Le Network Forum s’est déroulé à Londres les 13-14 juin 2022. Nos experts Société Générale ont participé à cet événement, qui a réuni les acteurs de la conservation et du post-trade pour deux jours de discussions et d’ateliers. Alessandro Cavallari, nouveau Responsable des Ventes Internationales de Société Générale Securities Services, était présent et revient sur certains des sujets traités par nos experts.
Les institutions financières, y compris les asset servicers*, sont confrontées à des conditions macroéconomiques difficiles de nos jours, un problème qui s’est aggravé avec l’explosion des coûts liés à la réglementation. Dans le même temps, ces derniers évoluent sur un marché où la concurrence fait rage, ce qui signifie que les entreprises doivent se démarquer de leurs concurrents si elles veulent attirer de nouveaux clients. Dans ce monde de plus en plus complexe, comment les asset servicers se distinguent-ils et comment génèrent-ils de la valeur ajoutée pour leurs clients ?
De nombreux asset servicers cherchent à étoffer leur gamme de produits en se concentrant de plus en plus sur la création de solutions de données et en accompagnant les clients institutionnels afin qu’ils atteignent leurs objectifs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).
Les données, un vecteur de réussite
Les données, si tant est qu’elles soient utilisées comme il se doit, peuvent être un atout inestimable car elles offrent aux institutions financières des informations uniques sur leurs processus d’investissement et opérationnels. Le problème, cependant, est qu’elles sont innombrables, que beaucoup d’entre elles sont inexactes et non structurées ou que leur origine n’est pas clairement définie.
Pouvoir s’appuyer sur cette vaste mine d’informations et l’organiser de manière à la rendre utilisable par les clients est très difficile pour les asset servicers, explique Yvan Mirochnikoff, Responsable des Solutions Digitales chez Société Générale Securities Services.
La principale difficulté est l’amélioration de leur qualité. Yvan Mirochnikoff poursuit en précisant que des données de piètre qualité empêchent les fournisseurs d’utiliser des outils d’intelligence artificielle (IA) pour analyser les informations, car cela fausserait l’analyse.
De plus, certaines des difficultés logistiques rencontrées par les asset servicers lors de la vérification des sources de ces données pourraient également impliquer un examen contractuel et réglementaire rigoureux.
Comment peuvent-ils alors avoir la certitude qu’ils maîtrisent la gestion des données ?
La montée en compétences, le recrutement des talents idoines et la collaboration avec des partenaires externes possédant l’expertise requise sont essentiels, indique Yvan Mirochnikoff.
Cela pourrait toutefois s’avérer compliqué sur le marché du travail tel qu’il se présente aujourd’hui. Selon certains intervenants, le nombre d’experts des données et du digital est pour le moins limité sur le marché, et cette pénurie peut se révéler frustrante face aux efforts déployés par certaines institutions financières pour renforcer leur offre en matière de données.
Transformer ces données en revenus n’est pas aussi facile que beaucoup le pensaient. Le problème est que tous les clients ne sont pas prêts à payer pour ces données, surtout si ce sont eux qui les fournissent en premier lieu.
D’après Yvan Mirochnikoff, pour transformer ces données en flux de trésorerie, il est essentiel que les asset servicers apportent une valeur ajoutée lors du partage des données avec leurs clients. Il affirme ainsi que les fournisseurs de premier plan proposent de plus en plus de services de données sur mesure, alors que les solutions proposées aux PME d’investissement ont tendance à être plus standardisées.
Sur le plan opérationnel, un certain nombre d’acteurs utilisent l’analyse des données pour accompagner leurs clients dans le cadre de leurs règlements. En analysant les indicateurs relatifs aux défauts de règlement, on constate que certains d’entre eux s’appuient même sur des capacités d’analyse prédictive, alertant ainsi les clients sur le moment où ils risquent d’être confrontés à un défaut de règlement.
Alors que les autorités de régulation imposent des sanctions en cas de défaut de règlement en vertu du règlement CSDR sur les dépositaires centraux de titres et SDR (régime de discipline en matière de règlement), les outils de ce type pourraient aider les institutions financières à éviter des coûts et frais inutiles.
Par ailleurs, l’émergence de nouvelles classes d’actifs, notamment les actifs numériques, représente également une opportunité commerciale pour les asset servicers. En fournissant des données de marché sur les actifs numériques et en les agrégeant sous la forme d’informations pertinentes, ils peuvent alors fournir à leurs clients des informations de pointe.
Cependant, quelques obstacles restent à surmonter. Selon Yvan Mirochnikoff, les cryptoactifs se négocient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce qui signifie que les dépositaires devront se doter de l’infrastructure adaptée s’ils veulent disposer d’informations de marché en temps réel, y compris les week-ends.
La fourniture de données de premier plan aux clients est un service que les asset servicers cherchent à développer. Il est donc probable que les fournisseurs se concentrent de plus en plus sur leurs stratégies de données, afin d’attirer davantage de mandats.
Tirer parti des données ESG
Les investissements ESG progressent à un rythme sans précédent, avec 500 milliards de dollars investis dans des fonds intégrant les critères ESG en 20211 un montant qui, d’après les prévisions, devrait encore augmenter. Selon Morningstar, les fonds ESG ont géré 2 770 milliards de dollars au premier trimestre 2022, contre 1 000 milliards de dollars en 2019.2
Les critères ESG font désormais partie intégrante du processus d’investissement, les spécialistes de l’allocation attribuant de plus en plus de mandats selon que les gestionnaires d’actifs s’engagent ou non en faveur du développement durable.
Dans le même temps, l’ambiguïté subsiste autour de l’ESG, un problème qui est aggravé par des normes concurrentes et des réglementations arbitraires. En plus de créer une certaine confusion, le flou entourant ce qui constitue les critères ESG a incité certains gestionnaires d’actifs à aller jusqu’à l’écoblanchiment (greenwashing) de leurs fonds, bien qu’il s’agisse d’une problématique dont les régulateurs ont davantage conscience aujourd’hui.
Le débat sur l’ESG est toutefois marqué par des contradictions et des dilemmes, un point d’ailleurs soulevé par Geoff Dawes, Research Manager chez Société Générale. Il note qu’en cas de refus d’une banque ou d’un gestionnaire de fonds de financer les activités d’une entreprise de combustibles fossiles, cette dernière peut se tourner vers une source de prêt alternative dont l’emprunteur applique des conditions beaucoup plus souples ou n’accorde qu’une importance toute relative aux critères ESG.
Dans ce cas, la question à se poser est la suivante : comment les institutions financières peuvent-elles financer la transition énergétique de ces entreprises ?
Conscients des défis engendrés par les investissements ESG, plusieurs asset servicers travaillent sur des solutions de reporting ESG pour les gestionnaires et les détenteurs d’actifs afin de les aider à surmonter certaines de ces difficultés. Une fois encore, cela devrait aider le secteur dans ses efforts pour rester dans la course à l’avenir.
Se préparer à un brillant avenir
Alors que les asset servicers ont récemment été confrontés à des challenges de taille, le secteur est en train de reprendre pied. En fournissant des données et des solutions ESG, ils démontrent une fois de plus toute leur valeur.
* Asset servicers : Prestataires de services titres
1JP Morgan Asset Management - 1er février 2022 - Perspectives ESG 2022
2 Financial Times - 24 mai 2022 - La SEC se prépare à sévir contre les allégations trompeuses concernant les investissements ESG