Élargir la voie vers l’investissement à faible émission de carbone : une approche diversifiée des actions axées sur le climat

15/10/2024

Les investisseurs axés sur le climat doivent adopter une vision holistique du plus grand défi environnemental de notre époque, car l’adaptation au changement climatique n’est qu’un des ingrédients de la durabilité des entreprises et du potentiel de rendement. Ces deux facteurs dépendent également de la stratégie de l’entreprise et de sa mise en œuvre, de l’environnement macroéconomique et de l’évolution des tendances cycliques et séculaires.

Les principes fondamentaux des entreprises, tels que la rentabilité et la discipline en matière de capital, sont tout aussi essentiels dans les stratégies actives axées sur le climat. Leur solidité permet aux entreprises de qualité de surmonter les obstacles macroéconomiques au-delà des risques climatiques, tels que l’inflation et la hausse des taux d’intérêt. Les valorisations attractives soutiennent le potentiel de performance et aident les investisseurs à éviter les risques dans les segments coûteux du marché. Nous pensons que l’intégration de ces trois éléments dans la sélection de titres (qualité, climat et prix) permet un meilleur alignement entre les caractéristiques climatiques d’un portefeuille et les objectifs financiers à long terme des investisseurs (Figure 1).

Qualité, climat et prix : des critères essentiels pour faire face aux risques et trouver des opportunités


À titre indicatif uniquement - Source : AllianceBernstein (AB).

Comment les entreprises s’inscrivent-elles dans cette transition ?

Dans la transition vers des économies à faibles émissions de carbone, il y aura des entreprises leaders et des entreprises réfractaires. Comprendre l’impact du changement climatique sur les modèles économiques des entreprises sera crucial pour identifier les gagnants et les perdants. Par conséquent, nous pensons qu’une approche active qui trouve un équilibre stratégique entre qualité, climat et prix peut aider un portefeuille à capter un meilleur potentiel de performance avec une exposition carbone nettement inférieure à celle de l’indice de référence.

Qualité : une base solide pour une croissance durable

Les entreprises présentant des caractéristiques de haute qualité bénéficient d’une flexibilité qui leur permet de faire face aux tensions à court terme du marché et aux défis à plus long terme. Nous pensons que la rentabilité élevée, mesurée par le rendement des actifs (ROA) et le rendement du capital investi, constitue un indicateur fiable de la capacité d’une entreprise à réaliser des bénéfices à l’avenir. De même, la discipline en matière de capital peut contribuer à soutenir les marges, en particulier dans un contexte de hausse des taux d’intérêt.

Les modèles économiques de qualité ont également tendance à être plus prévisibles et potentiellement moins volatils.C’est une considération particulièrement importante pour les investisseurs axés sur le climat, étant donné que les conditions économiques, la géopolitique et la volatilité des marchés peuvent exercer des pressions uniques sur les industries à faible émission de carbone, en particulier les énergies alternatives

Climat : une vision panoramique des risques et des opportunités

L’évaluation des références climatiques nécessite une vision panoramique des risques et des opportunités. Les émissions de carbone constituent un risque important et les entreprises qui ne maîtrisent pas les coûts y afférents peuvent être confrontées à une baisse des rendements attendus et à une volatilité accrue. En revanche, les entreprises qui ont défini des objectifs carbone clairs et des plans stratégiques pour réduire leurs émissions de CO2 devraient bénéficier d’avantages par rapport à leurs homologues dont l’intensité carbone est plus élevée.

Parallèlement, des opportunités vertes apparaissent déjà dans un certain nombre de secteurs, y compris ceux qui ne sont généralement pas ciblés par les investisseurs axés sur le climat.

Il est essentiel de poser les bonnes questions pour discerner comment les entreprises évoluent vers l’économie bas carbone (Figure 2).

L’intégration de la recherche climatique peut améliorer les résultats des investissements


À titre indicatif uniquement
* Risque de transition : politique, technologie et préférences des consommateurs
† Risques physiques : événements climatiques extrêmes et changements climatiques
Source : AB

Prix : la valorisation sous-tend le rendement futur potentiel

La valorisation est essentielle : les investisseurs ne doivent pas acheter à n’importe quel prix des actions axées sur le climat. Les facteurs liés à la qualité et au climat peuvent devenir surévalués, si bien que les investisseurs doivent s’en tenir à une discipline de valorisation pour améliorer leurs chances d’obtenir des rendements élevés.

La qualité en action : l’effet de chaîne des « greenablers »

Parmi les greenablers figurent des entreprises de qualité, axées sur le climat et affichant des valorisations attractives. Ces entreprises permettent à d’autres maillons de la chaîne de valeur d’améliorer leurs résultats en matière de climat. Leurs produits et services aident un large éventail d’industries à se décarboner, ce qui renforce ainsi leur orientation climatique et leur potentiel de croissance.

Autodesk est l’un de ces greenablers. La société fournit des logiciels de conception assistée par ordinateur à des clients de divers secteurs, y compris les infrastructures, l’eau et les transports, le tout dans un souci de durabilité. Autodesk aide des entreprises comme Schneider Electric, qui conçoit des machines économes en carburant, et Eaton Construction, qui construit des structures à économie d’énergie certifiées LEED*.

Les greenablers peuvent également être négligés dans des secteurs souvent considérés comme « moins verts », comme l’industrie manufacturière. Prenons l’exemple de Prysmian Group, premier producteur mondial de câbles, qui fournit les marchés de l’électricité, de l’énergie, des infrastructures, de la construction, de l’industrie et des télécommunications. La décarbonation mondiale repose sur la transition énergétique et l’électrification, si bien que Prysmian est bien positionné pour permettre aux clients de connecter directement les capacités de production d’énergies renouvelables aux réseaux électriques.

Dépenses vertes : investir dans la résilience

Les dépenses d’investissement vertes sont un bon indicateur de la mesure dans laquelle une entreprise s’engage en faveur de la durabilité et est prête à mener sa transition vers une économie bas carbone. Aujourd’hui encore, les entreprises concentrent leurs investissements verts sur l’énergie solaire, le stockage dans des batteries, l’efficacité énergétique et les véhicules électriques. Toutefois, au fil du temps, les investissements verts devraient s’étendre à un plus large éventail de domaines, y compris toute la chaîne de la production d’électricité renouvelable et/ou à faible émission de carbone.

La recherche quantitative permet d’estimer les rendements attendus

Nous pensons que combiner la recherche fondamentale et la recherche quantitative peut offrir un avantage à un portefeuille axé sur le climat par rapport aux portefeuilles qui ne déploient qu’un seul type de recherche. Dans les exemples ci-dessous, basés sur des entreprises réelles évoluant dans des secteurs distincts, nous montrons comment la qualité, le climat et le prix peuvent être utilisés pour façonner les prévisions de rendement (Figure 3).

Pour le climat, nous intégrons un prix carbone de 50 $ la tonne, appliqué au contexte de l’industrie. Cela nous aide à comparer les entreprises au sein des différents secteurs et entre ceux-ci alors que de plus en plus d’entreprises appliquent leurs propres prix fictifs sur le carbone, ce qui ne fait que compliquer les comparaisons. Si une société minière offre une qualité élevée et une valorisation attractive, le coût du carbone pèse toutefois sur son rendement potentiel. En revanche, un fabricant de produits pharmaceutiques bénéficie d’un meilleur rendement potentiel en raison du coût réduit de ses émissions de carbone.

L’équilibre entre qualité, climat et prix influencera les prévisions de rendement
Rendement attendu (12 mois à terme), intégrant le coût des émissions de carbone, Scopes 1+2+F*


À titre illustratif uniquement - Cet exemple est fourni uniquement dans le but d’illustrer de quelle manière un processus de recherche peut être utilisé pour mieux identifier des idées d’investissement dans un processus de gestion de portefeuille axé sur le climat. Nous pensons que le cadre des Scopes 1, 2 et F est celui qui estime le plus précisément les émissions de carbone d’une action. Ces données sont incluses dans notre outil quantitatif exclusif. Les émissions des Scopes 1,2 et F sont mesurées en tonnes d’émissions de gaz à effet de serre équivalent CO2 par an. Pour calculer l’impact du carbone sur une prévision de rendement, nous multiplions les dernières émissions annuelles totales publiées par l’entreprise (Scopes 1+2+F) par le coût du carbone par tonne et compensons le résultat sur la base de la capitalisation boursière de l’entreprise. Cela nous donne une estimation du coût que l’entreprise devra supporter pour compenser l’intégralité de ses émissions, coût que nous utilisons ensuite pour réduire le rendement attendu généré par notre modèle propriétaire.
* Le Scope F correspond aux combustibles fossiles produits mais non consommés au 31 décembre 2023
Source: AB

Une approche climatique diversifiée pour un monde en pleine mutation

En suivant une feuille de route qui mène tout droit à des actions de qualité assorties de valorisations attractives, nous pensons que les investisseurs peuvent créer un portefeuille respectueux du climat qui s’appuie sur un plus large éventail de secteurs, d’industries et de modèles d’entreprise et de sources de rendement. Grâce à une stratégie d'actions diversifiée et à des outils de gestion des risques, ce type de portefeuille peut être conçu de manière à être performant à travers les cycles macroéconomiques, tout en captant la croissance extraordinaire du capital générée par les efforts croissants pour décarboner le monde.

* Leadership in Energy and Environmental Design.

Erin Bigley, Chief Responsibility Officer, CFA, AllianceBernstein
Kent  Hargis, Chief Investment Officer Strategic Core Equities, Portfolio Manager Global Low Carbon, AllianceBernstein