Blockchain - l’outil idéal pour mesurer et investir dans le développement durable
La combinaison de la blockchain et des technologies de surveillance permet l’émission de nouveaux types d’instruments hautement automatisés, tels que les titres de créance liés à la durabilité.
Investir ?
La finance durable est actuellement trop complexe et trop chère pour les PME. L’impact réel sur les objectifs de développement durable n’est pas clair non plus. Un des principaux avantages de la numérisation de la finance durable est la réduction des coûts de transaction et d’intermédiation, qui se traduit par des niveaux d’accessibilité plus élevés pour les individus et les collectivités.
Les transactions low cost s’accompagnent d’une offre plus importante d’instruments et d’opportunités de financement pour les projets et les collectivités et de flux financiers plus transparents, plus rapides et plus directs pour un plus grand nombre de personnes confrontées au changement climatique.
On notera toutefois que les financiers n’investissent pas dans des projets simplement parce qu’ils sont bons d’un point de vue moral. Ils investiront s’ils ont suffisamment confiance et si les projets le justifient en termes économiques.
La blockchain augmente la rapidité, réduit les délais et élimine les intermédiaires, permettant l’émission d’instruments de finance durable entièrement programmables et traçables. La finance numérique apporte également de nouvelles opportunités de revenus via la tokenisation d’actifs ou de titres réels (actions, dettes, instruments de partage des revenus, etc.) et en rendant possible le fractionnement de leur propriété et de leur utilisation. Enfin, la blockchain représente une source de vérité unique en matière de données financières et d’impact pour toutes les parties prenantes.
Cependant, ce potentiel formidable ne peut être libéré qu’avec la mise en place de réglementations publiques claires pour la finance numérique et l’émergence de plateformes réglementées pour les échanges sur le marché secondaire.
Blockchain : un outil de traçabilité idéal pour mesurer l’impact de l’ESG
Les investisseurs n’ont pas accès aux données physiques sur les risques de durabilité et l’impact des projets financés pour des raisons de distance géographique et d’infrastructures informatiques obsolètes. Il en résulte des difficultés comme le manque de confiance entre les investisseurs et les PME, le manque de précision et de transparence des mesures d’impact et des reportings ou encore les craintes d’écoblanchiment.
L’intégration de la blockchain dans les outils de surveillance tels que les satellites, les drones et l’internet des objets (IdO) permet une plus grande transparence, la traçabilité et l’immuabilité des données d’impact. Elle permet également d’évaluer les risques liés à la durabilité et d’automatiser les reportings d’impact. Une fois collectées directement sur les sites des projets, les données d’impact permettent de déterminer si les entreprises et les financiers changent réellement leurs pratiques d’investissement, s’ils encouragent une approche à long terme, s’ils augmentent la transparence de leurs reportings et s’ils rendent compte publiquement des objectifs réels qui se cachent derrière les politiques ESG.
Au-delà, la combinaison de la blockchain et des technologies de surveillance permet l’émission de nouveaux types d’instruments hautement automatisés, tels que les titres de créance liés à la durabilité. De telles obligations ou prêts permettent l’association des paramètres financiers avec des mesures d’impact concrètes. Les investisseurs peuvent ainsi suivre et gérer les flux financiers et les flux d’impact avec une précision et une transparence sans précédent, ce qui élimine le problème de l’écoblanchiment.
Voracité énergétique de la blockchain
Ce point fait l’objet de nombreuses spéculations, car pour l’heure, personne n’a entrepris de recherches approfondies crédibles comparant l’empreinte carbone des différentes blockchains par rapport à celle du système financier traditionnel. Tout ce dont nous sommes sûrs, c’est que l’empreinte carbone du Bitcoin, de l’Ethereum et des blockchains dont le consensus distribué se fonde sur des protocoles de preuve de travail (PoW) est très élevée, alors qu’au contraire, les blockchains dont le mécanisme de consensus se fonde sur la preuve d’enjeu (PoS) ont une empreinte carbone très faible. Un bon exemple est la blockchain Polkadot, qui a récemment été désignée comme la blockchain la plus sobre en carbone par le Crypto Carbon Ratings Institute.
La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a mis en place deux initiatives phares visant à évaluer les avantages et les inconvénients des technologies numériques et à libérer le potentiel de celles-ci pour les financements climatiques :
La « Climate Chain Coalition » qui réunit plus de 300 membres de 60 pays qui étudient le déploiement de la blockchain dans le domaine du développement durable.
Le Hub mondial d’innovation de l’ONU sur le changement climatique lancé lors de la COP 26 à Glasgow.
Une autre initiative intéressante émanant d’acteurs privés est le Crypto Climate Accord.
Il convient toutefois de garder à l’esprit que la blockchain reste une technologie jeune et qu’elle ne fait que commencer son déploiement à plus grande échelle dans le secteur. Enfin, des blockchains plus durables ainsi que des utilisations prometteuses susceptibles de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies verront très probablement le jour.
Alexey Shadrin, Co-Founder and Managing Partner, Evercity