Les tendances Blockchain & Crypto

« Blockchain for Good »

Plusieurs tendances se sont dégagées au cours de cette semaine avec, en premier lieu, l’importance croissante des sujets liés à l’ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) et à la finance durable. Après le débat sur la consommation énergétique de la blockchain, notamment autour du Bitcoin, les échanges s'orientent maintenant de plus en plus sur l'utilisation de cette technologie à des fins d'impact positif et durable. Pour rappel, suite au changement de protocole d’Ethereum avec « The Merge », les émissions de CO2 ont diminué de 99,992 %¹, passant de plus de 11 millions de tonnes par an à moins de 870, selon le CCRI.

La blockchain est une technologie qui rend immuables et transparentes les informations qui y sont inscrites. Ainsi, de nombreuses initiatives ont vu le jour pour permettre aux entreprises de mieux tracer leurs investissements. Par cela, elles communiquent sur leurs engagements liés aux objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations Unies, et favorisent ainsi la confiance des investisseurs et de l'écosystème, qui s’avère être un facteur clé de leur réussite.

Dans le même temps, en plus de la traçabilité, le trading des crédits carbone tend à se développer sur ces technologies qui offrent une infrastructure sécurisée et appropriée pour ces nouveaux acteurs.

L’inclusion financière a également fait partie de l’agenda de cette semaine, tout comme la mise en lumière du panorama des tendances incontournables. Les crypto-monnaies et la blockchain, qui sont en mesure de fournir des solutions de promotion de l'inclusion financière, ont été mises en avant également pour leur utilisation dans le cadre de situations de crise ou pour l’aide à des causes humanitaires.

Les synergies entre sujets ESG et nouvelles technologies sont ainsi porteurs de valeurs et créateurs de nouveaux business modèles.

La finance de demain au Luxembourg

Une journée entière a été dédiée à la finance, qui représente près de 50 % des cas d’usages. La règlementation européenne, avec la future implémentation de MiCA (Markets in Crypto-Assets Regulation) et l’adoption récente du régime pilote pour les « security tokens », a été au cœur des discussions. L’ensemble des orateurs ont salué la réactivité de l’Union européenne en la matière. Cette réactivité permet en effet à l’Europe de prendre de l’avance, notamment sur les États-Unis où les positions des régulateurs ne sont pas encore claires. En conséquence de ce positionnement avant-gardiste, certaines entreprises de renom ont d’ores et déjà choisi l’Europe comme terre d’accueil. 

La tokenisation des actifs financiers et non financiers a été également discutée au cours de cette journée. Les cas d’usages se multiplient au sein de la plupart des acteurs financiers bancaires ainsi que chez les acteurs supra-étatiques comme la Banque Européenne d’Investissement. Celle-ci a en effet déjà émis plusieurs obligations digitales sur le territoire luxembourgeois. Ces réalisations importantes contribuent à l’adoption de la nouvelle technologie au sein des grandes institutions. Désormais, on ne parle plus d’expérimentations mais d’opérations de marché.

Lors du panel organisé par Société Générale Luxembourg, les orateurs de la Banque Centrale de Luxembourg, de l’European Stability Mechanism, d’Olkypay et de SG Forge – filiale du groupe Société Générale – ont présenté les principaux défis que l’industrie doit surmonter pour atteindre le « plateau de la productivité » de Gartner². L’interopérabilité, la standardisation, le risque de fragmentation du marché et une solution de « Cash on Chain » font partie des ingrédients nécessaires pour assurer l’adoption du marché.

Les récentes annonces de la Banque Centrale Européenne³ sur les expérimentations d’une monnaie digitale wholesale vont dans ce sens. Ces conditions, une fois réunies, contribueront à attirer plus d’acteurs et donc de liquidité qui est aujourd’hui jugée insuffisante. C’est un cercle vertueux qu’il convient de créer pour tirer pleinement profit de la blockchain. La route est encore longue, mais elle se prépare dès aujourd’hui. Selon David Durouchoux, Deputy CEO de SG Forge : « La phase d'expérimentation est terminée. Avec MiCA et le régime pilote, nous sommes au début d'une nouvelle histoire qui sera celle de l’industrialisation avec de nouvelles places de marché et de nouveaux modes de règlements instantanés. »

Et après-demain ?

Dans un monde plus lointain, la blockchain permettra également de révolutionner la circulation de la valeur, avec la Finance décentralisée (DeFI). Avec elle, des transactions pourraient avoir lieu sans avoir recours à un établissement financier et en réalisant des opérations de trading, de prêt ou d’emprunt. Ces développements de la finance d’après-demain, en dehors du règlement MiCA, intéressent de plus en plus et le Luxembourg devra y être attentif.

Dans un registre différent, la gouvernance, élément essentiel générateur de confiance dans les organisations et qui repose sur des administrateurs, pourrait également être décentralisée grâce à des systèmes d’organisation autonome décentralisée (DAO) régie par des règles saisies dans la blockchain.

Plus généralement, cette dernière édition de la Luxembourg Blockchain Week a mis également l’accent sur le fait que les technologies évoluent de façon exponentielle. L’accélération de l’usage de l’intelligence artificielle générative, comme ChatGPT notamment, pourrait contribuer à accélérer de nouvelles sources d’innovation.  Il sera donc important d’être attentif et équipé pour saisir les opportunités de faire du Luxembourg un centre financier et d’innovation incontournable pour le futur.

Laurent Marochini
Responsable Innovation, Société Générale Securities Services Luxembourg